C’est une étape importante de la vie professionnelle : négocier son salaire. Que l’on change d’entreprise, que l’on soit promu, que l’on souhaite une augmentation salariale après quelques temps au même niveau de rémunération, l’étape de la négociation du salaire est primordiale, et peu nombreuses sont les personnes réellement à l’aise avec l’exercice. Nous vous proposons ici quelques clés pour négocier au mieux votre prochaine évolution de rémunération.
1° Connaitre votre valeur sur le marché du travail
Si cela semble assez évident, ce n’est pas pour autant l’étape la plus facile à mettre en œuvre. Il vous faut investiguer pour connaitre les rémunérations approximatives des personnes occupant un poste similaire au votre dans l’entreprise dans laquelle vous évoluez, mais également au sein de différentes autres entreprises. Il vous faut prendre en compte différents facteurs, liés au poste, à votre profil, à l’entreprise, au contexte de la négociation :
- Le type de poste est bien entendu le critère le plus important. Ainsi, vous devez être en mesure d’estimer quelle fourchette de salaire large vous pouvez attendre du poste que vous visez.
- Ensuite, selon la typologie de l’entreprise qui souhaite vous embaucher, vous ferez légèrement évoluer cette fourchette. Si le poste nécessite des compétences autres que les indispensables du poste (linguistiques par exemple), vous pourrez également faire évoluer votre fourchette.
- De la même manière, si vous présentez une première expérience sur le poste visé, vous n’aurez pas les mêmes aspirations qu’une personne à la recherche d’une première expérience sur ce type de poste.
- Enfin, si l’entreprise qui vous embauche est venue vous débaucher, vous « chasser » dans un poste que vous occupiez, vous aurez d’autres prétentions que si vous aviez initié le processus.
Si cela peut paraitre difficile d’obtenir des informations sur les montants de rémunération au sein d’une entreprise dans laquelle vous n’évoluez pas encore, de nombreux outils existent pour obtenir certaines indiscrétions, à commencer par LinkedIn et GlassDoor.
2° Prêter attention au package global
La rémunération, ce n’est pas que le salaire mensuel et les primes, contractuelles ou non. Il s’agit bien entendu de la partie visible la plus importante. Il s’agit également du cœur de la négociation. Cependant, lorsque vous négociez, vous devez prêter attention au package global que proposent les différentes entreprises, car il fera évoluer vos demandes.
Ainsi, il existe énormément d’éléments annexes de rémunération qui sont réellement différenciant d’une entreprise à une autre. Certains sont assez courants et connus : les tickets-restaurants, l’accès à une restauration d’entreprise notamment. Le remboursement des abonnements de transport en commun également. Sur ces deux critères déjà, des différences existent entre les entreprises, il est bon de les avoir en tête lors de la négociation.
Il existe cependant d’autres avantages qui produisent un impact conséquent sur le package global de rémunération. L’existence d’intéressement et participation, d’actionnariat salarié, de journées de RTT, de mécanismes d’épargne-retraite supplémentaire, de compte épargne temps, d’avantages liés au Comité Social et Economique (CSE, anciennement CE), etc.
Ces avantages peuvent être conséquents et justifier un salaire annuel plus bas de quelques euros, qui sera largement compensé. Il est important de se renseigner en amont sur les éléments annexes de rémunération existants dans l’entreprise, quitte à poser directement la question au recruteur !
3° N’utilisez pas de fourchette !
Lorsqu’un futur employeur vous pose la question fatidique « Quelles sont vos prétentions salariales ? » , certains préfèrent parfois répondre par une fourchette de salaire. Il s’agit bien souvent d’une erreur stratégique. En effet, vous lui fournissez ainsi le minimum que vous êtes prêts à accepter et aurez bien du mal à faire remonter le curseur. Il est plus intéressant de répondre d’emblée avec un montant rond et ferme, que votre interlocuteur saura négocier s’il le souhaite.
Ce montant doit bien entendu n’être ni trop haut, pour ne pas paraitre hors de propos, ni trop bas, pour vous laisser un champ de négociation et ne pas être tout de suite confronté au minimum que vous êtes prêt à accepter.
4° Préparez vos arguments !
Qui dit négociation dit arguments pour appuyer vos prétentions. Ils doivent être préparés et distillés dans le bon timing pour être vos meilleurs avocats. La liste des arguments à employer est assez longue et varie selon votre situation. Votre expérience, vos compétences spécifiques sont bien entendu à mettre en avant. Les éventuelles autres offres que vous avez en parallèle sont aussi à mettre en avant, tout comme votre situation salariale actuelle. La rareté de votre profil est aussi un argument qui peut être utile.
Surtout, ne mettez pas tous vos atouts en avant d’emblée ! Apportez-les au fur et à mesure de la négociation, pour ne pas vous retrouver sans argument pour défendre votre position après deux objections de votre interlocuteur.
5° Choisissez le bon moment pour aborder le sujet
Si le salaire est un élément déterminant lors du choix d’une entreprise, d’un poste, il ne doit pas être votre facteur de motivation premier, au risque de vous faire éconduire par le recruteur. Ainsi, ne l’abordez pas lors de votre premier entretien ! Le contenu du poste, le fonctionnement de l’entreprise, la situation de l’équipe, la politique d’évolution professionnelle sont autant d’éléments que vous devrez aborder avant les questions salariales. Pour ne pas perdre de temps auprès d’entreprises qui ne pourraient en aucun cas vous offrir le minimum auquel vous aspirez, le travail préparatoire de recherche devrait être suffisant.
Très souvent, vous n’aurez pas nécessairement à engager le sujet de la rémunération, car votre interlocuteur le fera à votre place. Il peut cependant être intéressant de l’aborder en premier pour une raison simple : si vous amenez votre interlocuteur à se positionner en premier, vous aurez alors une information supplémentaire pour adapter vos prétentions et obtenir la meilleure rémunération possible, ce qui reste l’objectif final.
Il n’existe pas nécessairement de moment idéal bien défini pour aborder le sujet. C’est à vous de sentir le moment opportun en fonction de votre interlocuteur, de la dynamique de vos échanges et du contexte des entretiens (reste-t-il des entretiens planifiés ? Votre interlocuteur est-il le bon pour aborder la question salariale ? …).
Pour conclure, la clé d’une bonne négociation salariale est la préparation de cette discussion. Vous ne pourrez pas improviser sur un tel sujet, il vous faut impérativement avoir les éléments nécessaires pour être crédible dans la négociation.
Surtout, n’hésitez pas à négocier un salaire à la hausse ! Si vous êtes bien préparé, vous ne serez jamais hors-sujet. Le risque est de prétendre à une rémunération totalement décalée avec la réalité, ce qui pourrait nuire à votre crédibilité. Avec une préparation minutieuse, cela n’arrivera pas. Lors d’une première proposition, les entreprises qui recrutent se laissent très souvent une marge de négociation, comme les candidats. Vous aurez très souvent l’opportunité d’améliorer, même légèrement, la proposition mise sur la table.
Robin Labouérie